Les brachycéphales chez le chat, telles que le Persan, l'Exotic Shorthair ou encore l'Himalayen, suscitent souvent des avis partagés (pour ne pas dire carrément critiques)
Leurs visages aplatis, leur regard doux et leur allure particulière les rendent reconnaissables entre tous. Pourtant, la brachycéphalie féline fait l'objet de critiques, souvent exagérées, sur le plan de la santé. Je vous propose une approche rigoureuse, nuancée et fondée sur des données scientifiques ainsi que l'expérience de terrain, pour mieux appréhender cette caractéristique morphologique trop souvent discréditée.
LA TÊTE PLATE
La brachycéphalie se définit par un raccourcissement de la face et du crâne, entraînant un nez plus court et un museau plus aplati. Chez le chat, cette particularité est le fruit d'une sélection volontaire, amorcée au XXe siècle pour répondre à un idéal esthétique et affectif (oui ça compte, je vous explique pourquoi).
Toutes les formes de brachycéphalie ne se valent pas : les éleveurs sérieux tendent aujourd'hui à rechercher une brachycéphalie modérée, évitant les extrêmes. Une étude morphologique féline menée par Srinivas et al. (2019) montre que la variabilité entre individus est importante, et que la présence d’une face plate n’implique pas systématiquement des troubles fonctionnels, à condition de ne pas travailler en hyper type.
PHYSIOLOGIE ET COMPORTEMENT OBSERVÉS CHEZ LA FACE PLATE
Plusieurs observations scientifiques indiquent que les races brachycéphales présentent des traits comportementaux adaptés à la vie moderne. L’étude d’Ellis et al. (2015) révèle que les Persans et Exotic Shorthair sont globalement moins actifs que d'autres races, avec une réduction des comportements de chasse. Cela en fait des compagnons parfaits pour les foyers calmes ou en appartement.
Ils sont également plus tolérants aux manipulations, plus sociables avec l’humain et d’une grande douceur. Ces caractéristiques comportementales sont corroborées par les données du Cat Tracker Project et les recherches de l’Université de Helsinki, qui mettent en évidence une corrélation entre certaines morphologies et un comportement plus docile et affectueux.
SANTÉ, LA VIGILANCE SANS LA CONDAMNATION
Il est important de distinguer brachycéphalie et syndrome brachycéphalique (BOAS) (merci de bien retenir cette phrase),
qui touche principalement les chiens (semble t il) et dans une moindre mesure certains chats extrêmement typés. Chez le chat, les formes graves sont rares et facilement évitables par une sélection rigoureuse.
L’étude de O’Neill et al. (2020) sur les données VetCompass indique que la majorité des chats Persans ne présentent pas de pathologies respiratoires graves. Les problèmes les plus fréquents sont les larmoiements excessifs, qui se gèrent très bien avec une hygiène régulière.
La clé est la sélection féline responsable : de nombreux éleveurs adaptent les standards en écartant systématiquement la sténose nasale, tout en préservant l’esthétique typique.
MYTHE ET RÉALITÉ
Non, un Persan ne naît pas malade.
Non, tous les chats à face plate ne souffrent pas.
L’état de santé d’un chat dépend de son héritage génétique, mais aussi de l’entretien et de l’attention de son propriétaire.
Les médias grand public mélangent souvent brachycéphalie extrême et légère brachycéphalie, sans nuance. Des comportementalistes comme le Dr Sarah Heath préconisent une approche bienveillante et adaptée à chaque individu.
SUIVI VÉTÉRINAIRE
Un chat brachycéphale a besoin de soins réguliers : nettoyage des yeux, brossage, surveillance des narines, contrôle bucco-dentaire. Ce sont des gestes simples, facilement acceptés si le chat est habitué dès son plus jeune âge, totalement accepté dans sa personnalité de chat tolérant et doux.
L’éducation positive, inspirée du medical training, permet de rendre ces soins plaisants et sans stress. Cela contribue aussi à renforcer le lien humain-animal.
Ces soins sont importants chez TOUS les chats afin de garantir une bonne manipulation sereine chez le vétérinaire.
POUR EN FINIR AVEC LES SALADES
La brachycéphalie féline n’est pas une fatalité. C’est une variation, que l’on peut accompagner avec responsabilité, tendresse et savoir-faire. Soutenir les élevages éthiques, informer les adoptants, et valoriser les qualités comportementales de ces chats, c’est leur offrir la place qu’ils méritent : celle de compagnons de vie exceptionnels.
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Sources principales :
Srinivas et al. (2019). "Morphometric analysis of feline skull types."
Farnworth MJ et al. (2013). "Rethinking brachycephaly: ethical perspectives in cat breeding."
Ellis SLH et al. (2015). "Breed differences in the behaviour of pet cats."
O’Neill DG et al. (2020). VetCompass Programme.
Cat Tracker Project, University of Helsinki.
Dr. Sarah Heath, International Cat Care.
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